19 déc. 2012

ROSE DE CŒUR, "JACKY DU BÉARN"

9 décembre 2012


La fleur se love, émue, au creux de l’épineux
Qu'un pur manteau de neige enveloppe de givre ;
Son âme sage cueille un éclat doucereux
Que le ciel diaphane, à l’instant, lui délivre.

Dans le jardin désert, l’oiseau se tait, craintif,
La rose dépouillée offre sa délivrance ;
La mort lave son front d’un souvenir captif,
Il pleut sur l'herbe fraîche exultant d’espérance.

Se plaisant ici-bas, l’on subit le destin
Nul être ne réchappe à cette servitude ;
La belle qui s’endort sertit le ciel satin,
Sous ses yeux clos, se fond l’intime infinitude.

Amis, que voyez-vous lorsque le cœur saisi
Pose un regard d’amour sur la douleur brûlante ?
La froidure du jour guette l’homme transi,
Trouverons-nous la grâce en l’aube jaillissante !

              
 

COUP DE FOUDRE ENJÔLEUR



 Flânerie, Décines, décembre 2012.

L'espace enivrait l'élan de mes yeux,
Le soleil se cachait dans l'éther cotonneux…
S’appropriant mon ombre, il escortait mes pas ; 

Le Corbeau patriarche, en ce matin d’automne,
Sur un fil, haut perché, protégeait d’un œil noir
Ses petits... affamés.  

Il tint auprès des siens, ces propos détestables : 

— Guignez la Demoiselle en sa robe de Noces,
Altière, elle folâtre, on lui semble Étrangers !
Voit-elle notre Équipe avec son Savoir-faire ?
Rejoignons la mignonne, il ne faut point attendre,
Subtilisons ces grains qu’elle retient du bec ! 

La coquette chantait et sa gorge rieuse
Frémissait de plaisir sur les sillons fertiles… 

Voyant cette cohorte, un doux cœur frissonna ;
Voilà que l’amoureux, vaillamment, les surprit !
Lorsque chuta du bec l’Unique nourriture
Tous les coquins gloutons, croassèrent joyeux,
Croquant de l’insipide au bouquet défleuri !

Le couple parada d’un bref froissement d’ailes,
D’un soyeux roucoulis, s’enfuit au champ voisin. 

Lequel fut plus malin ? Le grand ? Le plus petit ?
Le plus intelligent sauva sa tourterelle. 

En vis-à-vis flatteur, l’astre me poursuivait,
Ensorcelant ma vue, il éclairait le ciel ! 

L’air pur de la campagne enjôlait mes narines,
J’oubliais la fumée à fleur de cheminée
Ces brumes du matin revêtant la nature,
Je longeais le sentier avec légèreté
Pensant à vous, mon être jubilait !



 

NUIT DE MÉTAPHORES


L’afflux de mots coule dans la nuit blanche,
Ton sommeil avisé sort de son lit douillet,
Qu’y a-t-il dans le chapeau de l’insomnie ?
La coulée automnale a besoin d’une lampe,
L’enchanteur, malin, te guide vers l’aurore ! 

La lune brille en songes langoureux,
L’avenue est déserte et glacée
La brume trotte sur les toits ;
Unie au cadencement des secondes
Tu saisis le flambeau du temps. 

Tu presses la table de l’énergie divine,
Ton esprit s’emplit d’un souffle vital ;
La fraîcheur étreint ta nudité,
Rejoins le moelleux de tes draps
Où la chaleur d’un corps t’attend. 

L’amant sera-t-il ce feuillet
Inondant le sel de tes rêves ?
La porte tressaille de ce va-et-vient,
Le parquet suit tes pas légers,
Trouveras-tu le chemin du repos ? 

Ta nuque souffre d’un baiser,
Un doigt de velours franchit ta lèvre,
Le désir sertit l’onde jaillissante
Ouvrant un passage aux délices
Du canal de l’écriture. 

 Marie-France Moriaux


COMPLAINTE

 
Complainte du prisonnier ¹

1
A7  Masc.
Jouera-t-il au firmament
2
a3   Masc.
Du moment ...
3
B7  Fém.
Le captif qu’un Maître oppresse
4
A7  Masc.
Depuis le commencement ?
5
a3  Masc.
Vaillamment
6
B7  Fém.
L’homme fléchit sans paresse
7
B7  Fém.
Il surmonte sa détresse
8
b3  Fém.
Se redresse
9
A7  Masc.
Et rompt l’avilissement !
10
B7  Fém.
Une musique se tresse,
11
b3  Fém.
D’allégresse,
12
A7  Masc.
Aux bras de l’enfermement.

  
¹ Complainte inspirée par un concert de blues (à la médiathèque de Décines). 

Complainte : poème triste de 12 vers, alternant deux mètres courts (heptasyllabe "7" avec trisyllabes  "3") sur deux rimes, suivant le schéma : A7 a3 B7 A7 a3 B7 B7 b3 A7 B7 b3 A7 : les lettres minuscules et majuscules (a, b, A, B) représentent le genre des rimes (masculine ou féminine), les chiffres (3,7) indiquent le nombre de syllabes.

 

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