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9.3.14

RÊVERIES NOCTURNES


J’ai cinq ans, je rêve assise sur le carrelage froid de l’hiver, l’été bienveillant de tes yeux réchauffe ma frilosité d’enfant. Tu es sortie pendant que l’âtre crépitait, le silence glacé du matin a crié. Je m’éveillais mais tu n’étais plus là, le pouls de la terre s’est arrêté de battre. 

ABCDE 

J’ai rêvé que nous parcourions les vignes… à pied, à cheval, en moto, les ceps saluaient notre arrivée et nous donnaient le meilleur d’eux-mêmes. La douceur de la terre berçait nos pas. Je m’éveille, le manteau pourpre de la solitude illumine ton absence. 

FGHIJIK 

J’ai rêvé que mes yeux fendaient l’espace… je traversais la fenêtre opaque, volant jusqu’au sommet de la ville, d’immeuble en immeuble, de champs en vergers, de montagne en vallée, avec pour compagnons les flambeaux de lune et d’étoiles, dans cette inaltérable légèreté de l’être. Humanité ! Je veillais sur tes sommeils bienheureux. L’or du Soleil Levant transperce mon corps relié aux douleurs de ce lit blanc. 

LMNOPQR 

J’ai rêvé ces mots tendres sur le sable chaud d’une plage lorsque ton ombre rejoignait la mienne ; J’ai rêvé ces mots tendres sur les galets de l’infini ; J’ai rêvé ces mots tendres baignés du calice de l’amour. 

STUVWXYZ 

Ciel ! J’ai rêvé que je vous perdais toutes. Toi, la grande du fond, tu t’es mise à trembler, donnant la bougeotte à tes sœurs. J’essaie de vous retenir, où partez-vous ? Voilà que vous tombez l’une après l’autre. Je sens couler dans ma gorge l’âcre saveur de l’abandon. Non ! Je m’éveille ; incisive, je palpe le terrain. Ouf ! Je souris de ma plus belle parure. Il suffit d’un jeu de langue pour savoir que bientôt la molasse du fond -pourtant si sage- quittera ses racines, laissant un grand vide dans ma bouche.

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Derrière moi, se déplace un souffle haletant tel un monstre tapi dans les profondeurs. L’onde bleue se griffonne à l’infini de l’horizon, des tourbillons gris progressent vers la cote... sans doute les fruits de mon imagination. Je sens cette présence gagner en pesanteur. J’ai peur ! Avec ce besoin irrépressible de fuir avant qu’il ne soit trop tard. 

— Chéri, si nous rentrions, j’ai froid. La gerbe jaillit et t’emporte au loin. Je crie : — Où es-tu ? 

Un poids inextricable me cloue aux courants marins, soulevant une multitude d’embruns salés que je régurgite. La houle me fauche, je m’effondre dans le sable pétrifié du néant.  

Je hurle et répète désespérément : — où es-tu ? 

Ta main prend la mienne, je m’éveille. Ton visage m’apaise. Dehors, la tempête fait rage, les bourrasques de pluie heurtent les vitres. Les tuiles se hissent sous la violence du vent. Le tonnerre gronde, nos cœurs cognent à tout rompre ! Puis c’est le silence. Tes bras me réchauffent. Je ne rêve plus ! 

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