Ce "Phénix" : sonnets qu’Alexandrins
Légèreté de l’aube
Le givre matinal étend son voile immense
Sur la plaine transie occultant les moissons ;
Les crachins du brouillard pénètrent les buissons
Criblés du clair-obscur de ce flot de clémence.
Les oiseaux dans l’espace avivent la dormance
De la terre en sommeil où planent des frissons ;
La brise tiède embaume, insufflant des chansons
Et la flore s’attache aux flux de transhumance.
Le berger se promène au milieu du troupeau,
Il aime chaque jour sortir son vieux pipeau
Car jouer de la flûte enchantera le monde.
Le cheptel qui dormait se lève pour danser,
Le cerf s’approche, heureux, du chêne qu’il émonde
Puis il brame d’ivresse, en son cœur, exaucé.
Sonnet
Contemplation pastorale
La brume se dissipe au cœur des solitudes
Tandis qu’un doux soleil illumine les cieux ;
Les voiles d’un nuage explosent, précieux
Sur l’ocre des sillons gorgés d’infinitudes.
Une écharpe d’embruns descend des altitudes
Alors que le chamois gambade, gracieux ;
Le renard guette encor d’un œil pernicieux
L’enclos du poulailler, source des turpitudes.
La neige languissante épouse les cyprès
Tel un rideau d’albâtre à l’antre des forêts ;
Les senteurs de l’humus fleurissent la chaumière.
Le ravissement trouble un berger dans le soir,
Son regard d’émeraude accueille une lumière
Lorsqu’auprès des brebis, l’homme revient s’asseoir.
Sonnet
L’heure sacrée
Un flamboiement rieur couronne la fenêtre
Tel un zéphyr d’amour qui traverse le soir ;
Les rayons du soleil recouvrent l’ostensoir
Qu’une frise d’or pur diapre de bien-être.
Un souvenir t’enlace et la foi te pénètre
Tandis qu’un doux arôme effleure l’encensoir ;
Le corps mystérieux tremble sur l’aspersoir,
La douceur de l’effluve est propice au renaître.
L’écharpe de la nuit égrène le jasmin,
La myrrhe, le santal, trônent sur le chemin
Et la flamme d’un songe orne ta rêverie.
Ouvriras-tu l’écrin serti d’argent, d’émaux ?
Tu saisis l’unité de cette heure fleurie
Quand la Sainte Écriture accompagne ces mots.
Sonnet
Rossignol d’amour
La biche tremble, seule, au cri du
cor ailé
Et la brume opaline entrave sa prunelle ;
Un souffle se dérobe et fond sur la venelle
Ô brûlant désespoir, l’oiseau s’est envolé !
L’aurore, ce matin, illuminait le blé,
Le chant du rossignol flûtait sous la tonnelle ;
Dans le bois résonnait la douce ritournelle,
Des brames confiants vibrent pour l’appelé.
Un songe l’enveloppe, ourlé de complaisance
La Muse espère encor la fidèle présence,
Le souvenir prolonge un air mélodieux.
Le Vésuve d’amour a sombré sous l’orage,
Un seul éclair fendit le baiser radieux
De l’oiseau migrateur en son plus bel ouvrage !
Sonnet
Cher Enfant
Nous accueillons ce jour dans la réjouissance
Attendant ta venue à fleur d’intimité ;
Nos cœurs battent pour toi, tendre complicité,
Et l’amour te constelle, étoile d’innocence.
Une aube radieuse éclaire ta naissance,
L’heure bénie apporte un flot de liberté ;
Cher ange délicat, fêtons notre fierté
Tandis que l’on t’enlace avec reconnaissance.
Ta frimousse m’exhorte avec émotion,
Lumière de mes yeux, vois mon affection !
Mes baisers sur ta main vibrent de gratitude.
L’azur de ton regard reflète la splendeur,
Ton sourire adorable exprime la candeur
Lorsque tes premiers cris s’offrent en multitude.
Sonnet
Promesse
Devant l’inestimable, accueillons sa naissance
Lorsque l’enfant divin naît dans l’humilité ;
Du Père, Il a reçu la prodigalité
Comme un trésor qui s’offre avec réjouissance.
Alors que l’Évangile en donne connaissance
L’âme vibre d’amour pour sa grande bonté ;
Il ne nous juge pas dans notre humanité,
L’Esprit revêt nos cœurs d’un miel de quintessence.
L’eau me brûle, j’ai soif et goûte les frissons
De l’indicible source au creuset des buissons,
Je peins l’or, l’indigo, des encres d’aquarelle.
La grâce inonde l’œuvre, un bijou pictural,
Sa clarté me bénit d’une ombre intemporelle,
La Croix baigne le soir d’un parfum sépulcral.
Sonnet
Sainte Famille
L’Emmanuel perçoit notre exaltation
Lorsque l’ange paraît, l’heureuse mère prie ;
Insaisissable aura, nous élève Marie,
Recevons l’astre pur de l’Incarnation.
Sa présence rayonne, humble évocation,
Dieu désigne la route en étape fleurie ;
Devant l’œuvre suprême, Ô Jésus, je m’écrie :
Dans tes yeux quel trésor, toute Création !
Que s’offre à nos enfants un superbe héritage :
Paix ! L’équité ! L’espoir ! Les bonheurs du partage !
L’amour qui nous unit rehausse nos élans.
Par-delà chaque épreuve, intime certitude :
Un souffle trinitaire élève nos talents !
Accueillons l’indicible en son infinitude.
Sonnet
Le sonnet s’écrit en alexandrins (12 pieds : 6/6 avec césure obligatoire au 6e pied). Il comprend deux quatrains et deux tercets, soit cinq rimes différentes, avec des consonnes d’appui, obligatoires. Deux des cinq rimes (une masculine et une féminine) forment la structure des quatrains. Les trois autres rimes constituent les deux tercets, suivant le schéma :
ABBA – ABBA – CCD – EDE ou EED
rimes FMMF – FMMF – MMF – MFM … …
L’enjambement
(ou rejet) sont interdits entre les strophes. Chaque quatrain et chaque tercet
doivent avoir une idée par eux-mêmes et se terminer par un point, jamais par
une virgule ou sans ponctuation. Les règles de la prosodie sont de rigueur (pas de hiatus, élision faite, fins de rimes féminines/féminines - masculines/masculines - singulier/singulier - pluriel/pluriel, pas d'écho en césures/rimes - ou rapprochés...).
Lien sacré
La chambre s’illumine aux rais d’une veilleuse
Ton visage frissonne à l’abri du sommeil
Je caresse ton front, pose un baiser vermeil
Ta chevelure flatte une boucle soyeuse.
Tes yeux sont un miroir, source mystérieuse,
Dans l’azur qui m’étreint, pétille le soleil
Batifole mon ange aux faveurs de l’éveil
Ses cris fusent en force, éclats de la rieuse !
L’aurore jusqu’au soir tresse un tableau charmant
Peut-on peindre l’amour, notre éblouissement ?
L’heure égrène son règne où dansent les nuées.
La splendeur de ta vue éclaira Fructidor !
Tes prunelles saphir bleuirent, enjouées…
Quelle voûte s’enflamme en suprêmes flots d’or ?
Une chanson te berce au-delà des journées
Enfant de la lumière, accueille nos regards !
L’inaltérable joie insuffle mille égards.
Sonnet Estrambot
Ce sonnet estrambot est constitué de 17 vers ; il comprend cinq strophes soit : 2 quatrains et 3 tercets suivant le même schéma que le sonnet traditionnel, mais avec un tercet supplémentaire, en respectant l’alternance des rimes classiques :
ABBA – ABBA – CCD – EDE - EFF
rimes FMMF – FMMF – MMF – MFM - FMM
Troublante vision
Sur la grille entrouverte, on lit sur l’écriteau :
« À vendre … bail expire … »
Tu franchis son entrée, une herbe folle empire
où fuit un serpenteau.
La vigne se retrousse à flanc de son coteau
tandis que l’air soupire ;
La bourrasque s’éploie au sommet de l’empire
Transperçant le château.
Le donjon de la tour cache le point de mire,
Tu gravis le plateau ;
Au-delà de l’enceinte, en bas, la mer se mire.
Une ombre sur la grève étale son manteau,
Ton corps frisonne encor sous le pull cachemire
Quand repart le bateau !
Sonnet Lozérien
Ce sonnet lozérien est constitué de quatorze vers ; il comprend quatre strophes soit : 2 quatrains et 2 tercets avec deux rimes alternées (M/F), vers hétérométriques, les premier et troisième vers des deux quatrains comportent un alexandrin (6/6), les 2e et 4e vers un hexasyllabe (6 syllabes). Les premier et troisième vers du premier tercet comportent un alexandrin (6/6), le 2e vers un hexasyllabe. Les deux premiers vers du deuxième tercet sont des alexandrins, le dernier vers est en hexasyllabe suivant le schéma : ABBA – ABBA – BAB – ABA -- rimes MFFM – MFFM – FMF – MFM.
Sonnets qu'Alexandrins... coule aussi bien qu'une douce musique poétique... J.M.
RépondreSupprimerBonjour cher(e) JM, merci pour cette belle image ! Amicales pensées.
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