LE MESSAGER
(Métamorphose)
Cet après-midi là, je m’éveillais, en transes, sur la plage. Je m’étais endormie, allongée sur le transat. Mon cœur battait à tout rompre. Un mauvais rêve me pourchassait.
Face à moi, la mer scintillait, étrangement calme. Elle semblait se creuser, reculer vers l’horizon diaphane. Pourquoi cette angoisse ? Il régnait quelque chose d’inhabituel, mais quoi ? Les oiseaux ne chantaient plus alors qu’ils pépiaient allègrement, tout à l’heure. Curieux ...
Je sentis une présence à mes côtés. Un petit homme aux yeux d’émeraude me fixait. La profondeur de son regard m’hypnotisa. Comment me détacher de ces prunelles magnétiques ?
— Bonjour, je m’appelle Emma, dis-je. Et toi ? — Je suis le fil d’Ariane.
— Le fils d’Ariane ? — Non, le fil sur lequel tu te suspendras pour fuir avec moi.
— Fuir avec toi ? Je suis bien, moi, ici.
— Viens, sinon tu deviendras chair morte. Dans quelques instants, des larmes de souffrance dévasteront ce lieu. Fais-moi confiance…
— Mais, que fais-tu … ?
Des étoiles papillotaient autour de lui ... quelle aura ! La fulgurance atteignit ma vue.
Il s’avança, chuchotant : — Dépêchons-nous, le temps presse. N’aie pas peur, je suis ton ami.
Je hurlais : — Oh ! Mon Dieu ! Pourquoi ce bec ? Ce cri ?
Avec effroi, je sentis mes membres se transformer. Sur mon corps, se tissaient des nervures, un duvet... Soudain, des ailes se déployèrent sur mes bras, je volais !
En bas, le tsunami ravageait l’île. J’étais sauvée. L’aigle royal me protégeait, à l’abri de ses larges plumes.
Je demandais : — Quel est ton nom ? Il répondit : — Je suis la Providence !
(Atelier d’écriture, médiathèque de Décines, 6 mars 2010)
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SE PIQUER AU PLAISIR DES DIX MOTS
(À l’école)
Et clic et clac, disait le professeur à l’élève…
— Sachez, Monsieur, que vous avez une tête à claques… que d’un seul clic, l’on peut déchiffrer le programme. Rendez-vous les choses plus compatibles et protocole, suivez …
Glauque, l’élève répondit :
— Clic ? Cloaque, Monsieur ! Je ne vous capte. Étriqué, le sens du capteur me trappe sur les nerfs. Je percute à l’étiquette, moi, Monsieur !
— Cessez, jeune ami. Si le cours ne vous convient... point à la ligne ! Sortez Monsieur ! Allez voir ailleurs si la pêche est meilleure.
— Vite, prendre l’air, Monsieur. Fuir le décorum. Je désire plus pérenne liberté.
— Ad libitum, jeune homme. Rasseyez-vous, rasséréné. Je décrypte le stratagème.
— Je m’en rince l’oreille et je reste Monsieur.
— Bien. Il suffit de changer votre vision des choses. Mais plus de ruse entre nous, mon ami. Il s’agit de loger la logique du logiciel.
— J’y vois beaucoup d’habileté, Monsieur le Professeur. Je m’habitue à l’inconséquence des technologies modernes.
— Motus, l’ami. Mon cours prend du retard. Par conséquent …
— C’est que, séquentiellement, Monsieur, j’y perds mon génome, heu, pardon, mon latin.
— Ne latinons pas ! jeûnons ! mais non, voyons, je m’embrouille dans ce brouillamini …
— …D’étourderies, Monsieur le Professeur. J’étais dans la lune ; je quitte le clair de terre et je m’assujettis à la souris ! Je prends le virus. L’informatique n’a plus de secrets pour moi !
— Vous piquâtes à vif plaisir, Monsieur. Vous sûtes transformer l’art d’apprendre « le jeu vidéo ! » Champion mon garçon ! Échec ou maths ?
Hommage à l’auteur dramatique et poète Jean Tardieu
Le Printemps des Poètes 2009 (les 10 mots)
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