Proposition de Monsieur le goût : cette giboulée qui arrose l’Arc de Triomphe me parle. Alors que la fin du mois de mars arrive, impossible de ne pas penser à « April in Paris ». John Salminen, Ella Fitzgerald et Louis Armstrong nous invitent à regarder la vie. Et vous ? Qu’en pensez-vous ? Le printemps vous inspire-t-il ? À Paris ou ailleurs ? À lundi j’espère.
Nous
avions fui les giboulées de la région lyonnaise, heureux de poser nos pas "pour
la première fois" au cœur de la capitale. De la gare de Lyon, on a rejoint
facilement l’hôtel dans le secteur de l’Étoile puis visité la Tour Eiffel, le
Champ-de-Mars et les jardins du Trocadéro…
Aujourd’hui,
c’est le premier avril. Nous parcourons -main dans la main- les artères entourant
l’Arc de Triomphe-Charles-de-Gaulle, allant de Marceau aux Champs-Élysées…
Nous flânons
cours Albert-Ier, près du cours la Reine, poussant jusqu’au jardin d’Erevan en
bordure de Seine… tu me parles de Marie de Médicis dont la cérémonie religieuse
avec Henri IV avait eu lieu à la cathédrale Saint Jean de Lyon -où j’aimerais tellement
t’emmener un jour pour nos épousailles-. Oserai-je te déclarer ma flamme ?
au fond de ma poche, je touche une petite boîte contenant la bague que je vais
t’offrir ce soir lors du dîner réservé aux Folies Bergères…
Quittant
le Jardin des Tuileries où nous rêvassions, nous déjeunons à la guinguette puis
traversons le quai Aimé Césaire ! Te voici me déclamant « Demain »
:
« Suppose
que le monde soit une forêt. Bon ! Il y a des baobabs, du chêne vif, des sapins
noirs, du noyer blanc ; je veux qu’ils poussent tous, bien fermes et drus,
différents de bois, de port, de couleur, mais pareillement pleins de sève et
sans que l’un empiète sur l’autre, différents à leur base mais oh ! … »
— Sais-tu
que je veux vivre avec toi ma chérie, rempli de sève, d’amour et d’eau fraîche…
dis, si nous rentrions à l’hôtel…
— Visitons
plutôt le musée du Louvre, chéri ! j’aimerais voir « La Joconde »,
t’imaginant en Léonard de Vinci… moi en Mona Lisa !
Après
une visite aux Jardins des Plantes et du Luxembourg, nous sommes montés en haut de la Tour
Montparnasse nous offrant une vue exceptionnelle sur Paris. Nous rentrons -exténués
et ravis- vers l’Étoile… J’ai hâte d’être à ce soir !
Toi
qui sais tout, tu remontes le temps, évoquant Napoléon Ier lorsqu’il a ordonné
la construction de l’arc de triomphe réalisé par l'architecte Chalgrin. Quelque
peu chagrin, j’élude ce pan de l’Histoire, ne pensant qu’à « notre
histoire » !
Qu’importe
la hauteur du monument et de ses voûtes, ou que la première pierre fut posée en
1806 pour fêter l'anniversaire de l'Empereur, seule compte la hauteur de notre
amour en ce printemps 1976 ! Je veux bien être ton empereur pour ce
soir et toutes les nuits à venir ma tendre Colombine.
Une
bourrasque de pluie nous surprend et je pense à cette chanson d’Ella Fitzgerald
et de Louis Armstrong – « April in Paris » :
Avril à Paris, châtaignes en fleurs
Tables de vacances sous les arbres
Avril à Paris, c’est un sentiment
Personne ne peut jamais reprendre
Je n’ai jamais connu le charme du printemps
Jamais rencontré face à face
Je n’ai jamais retrouvé mon cœur
Je n’ai jamais manqué une étreinte chaleureuse
Jusqu’en avril à Paris, où puis-je aller ?
Qu’as-tu fait à mon cœur ?
Nous
courons sous les arbres, je glisse et chute lourdement sur la chaussée mouillée :
Craquement, genou rompu, impossible de me relever… sirène, pompiers...
Dans
la voiture qui me conduit à l’hôpital, tu es là, anxieuse ! Je dois me
déclarer ! Je
tâte ma poche, l’écrin a disparu. « Demain est un autre jour ! »,
dis-je, fataliste.