Proposition de
monsieur le goût des autres : Cette promenade aux champs de Mr Carl Spitzweg vous
inspire-t-elle ? Je vais quant à moi tenter de vous écrire un petit quelque
chose pour lundi. Et j’espère que vous aurez vous aussi ce courage.
C’était un dimanche à la campagne
Le dimanche était
sacré pour mémé et pépé car ils nous gardaient. Le samedi soir, on dormait chez eux -mon
frère jumeau et moi- ; nos parents travaillaient durement la terre, sept jours
sur sept, ne prenant jamais de vacances.
Le dimanche au
petit-déjeuner, mémé nous offrait des croissants et du pain frais, avec un grand bol de café au lait, du beurre, de la
confiture. Mémé confectionnait toutes sortes de confitures et de gelées pour
notre plus grand plaisir.
Le dimanche matin, on
les accompagnait à la messe ; lorsque les cloches de l’église sonnaient, on chantait à
tue-tête avec mon frère : « Frère Jacques, frère Jacques, dormez vous ? dormez
vous ? sonnez les matines, sonnez les matines, ding ding dong, ding ding dong…
dingue, dingue, dongue… ». On riait aux éclats et mémé faisait les gros yeux, ce
qui nous calmait jusqu’au prochain tintement…
Mémé était pieuse, sans
être une « grenouille de bénitier » ; elle aimait accueillir, demander des
nouvelles des uns, des autres.
Elle jouait de l'harmonium, chantant
merveilleusement bien, on était fiers. Pépé faisait la quête ; quand il tendait
son panier d’un air sérieux, on lui donnait le sou que mémé avait glissé
discrètement dans notre main.
Nous sortions joyeux sous
le nouveau carillon car après, nos grands-parents nous emmenaient déjeuner à
l’auberge du château. Ils nous donnaient cinq francs chaque dimanche, nous
récompensant d’avoir si bien écouté, chanté, salué l’assemblée.
En début d’après-midi,
mémé cousait ou tricotait pendant la sieste de pépé... ensuite, on partait flâner sur les sentiers, dans les vignes,
les champs où paissait du bétail... très heureux des moments partagés avec eux. À l’heure du
goûter, on dégustait les bons gâteaux que mémé avait préparés. Nous étions
choyés !
Vers 17 h, nos parents
venaient nous chercher ; nous repartions avec des sacs remplis de victuailles pour la
semaine.
Aujourd’hui, ce devait
être une belle fête ! C’est notre anniversaire !
Presque toute la
famille est là. D'habitude, c'est
un grand repas de famille organisé au restaurant du village avec des chants, des rires ;
papa joue de l’accordéon ; notre grande sœur chante le
répertoire de Piaf. Aujourd’hui, papa n’est pas là !
Cet après-midi, les
grands-parents nous ont emmenés aux abords d’un champ de blé ; d’habitude, mémé me fait un cours sur le
pain quotidien par rapport au blé mûr et l’hostie du matin ; aujourd’hui,
elle ne dit rien, je la sens préoccupée. Maman est restée silencieuse
pendant tout le repas, sans doute parce que papa n’a pas pu venir, elle a dit
qu’elle nous expliquerait plus tard…
Pépé surveille mon
jumeau qui a pris de l’avance, il le rappelle ; derrière nous, il y a maman ainsi que nos grands frère et sœur ; lui chasse les papillons, je m’étonne que maman ne le
réprimande pas aujourd’hui.
Je m’agenouille
derrière pépé pour cueillir des marguerites, des bleuets et des coquelicots ;
« j’en fais un bouquet pour papa », dis-je à mémé qui ne
répond pas ; elle semble triste aujourd’hui. Maman s’approche, ajoutant : «
les enfants, nous allons rentrer, il faut que je vous dise pour papa… »
Plus tard, nous irons
visiter papa à l’hôpital.
Il se battra longtemps contre la maladie et nous avec lui. Il ne guérira pas. On
n’oublie jamais les êtres chers que l’on a perdus et tant aimés.
Oh comme c'est émouvant ce récit. Je suppose qu'il est autobiographique.
RépondreSupprimerC'est difficile de perdre son père, surtout quand on est enfant.
Heureusement tu sembles avoir eu des grands-parents et une maman pleins de tendresse.
•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
Coucou, merci Célestine ! j'ai supprimé d'autres paragraphes pour éviter des longueurs ... mais oui, la perte de mon papa fut très douloureuse ! Je vais aller te visiter ... bises du soir
RépondreSupprimerEn lisant ton texte très émouvant, je me doutais qu'il s'agissait d'un pan de ta vie. Des scènes détaillées qui restent gravées à tout jamais.
RépondreSupprimerMerci beaucoup Praline, je suis allée sur ton blog, à bientôt le plaisir de te lire...
RépondreSupprimerles êtres chers ne sont pas loin..... juste derrière la porte,
RépondreSupprimerj'ai ma copine vivi qui devait fêter ses 60 ans dans quelques jours
elle est partie rejoindre les étoiles, ainsi va la vie, la mort
elle brille, elle brille de son intelligence et sa générosité,
elle ne souffre plus,
belle journée
Coucou Mamylor, merci à toi ! En cœur à cœur pour "Vivi" ! Même si nous les savons proches de nous -juste derrière la porte, comme dit le poème- à chaque fois, nous perdons une partie de nous-même... même s'ils nous les portons gravés dans nos cœurs, leur perte -souvent inexprimable- nous rappelle notre fragilité, n'étant que de passage ici-bas, avec la grande espérance de les retrouver là-haut -le moment venu- dans l'indicible Lumière et la Paix de la Vie Éternelle...
RépondreSupprimerAu début, quels jolis souvenirs chez tes grands-parents Emma, j'ai adoré....J'avais les mêmes....Chez ma grand-mère, très pieuse, qui vivait à la cure, il y avait aussi un harmonium, très, très mal accordé, il couinait. Ma grand-mère faisait le catéchisme, s'occupait de l'église...J'ai passé les meilleurs moments de mon enfance chez ma grand-mère, avec ma cousine qui était élevée par elle...Après, j'ai connu aussi les mêmes moments douloureux que toi, mais, hélas, directement passé par la case "mort"....J'ai toujours presque une larmichette quand je me souviens de comment j'ai appris la mort de mon père. J'avais 12 ans et demi et mon père 42.....Ainsi va la vie..Hélas, y'a toujours le mot fin sur une vie...Ma mère se retrouvait veuve avec 9 enfants. mais, elle avait une âme d'adjudant et ne nous a jamais épargnés...J'ai continué à aller chez ma grand-mère dont je fleuris toujours la tombe...Merci pour ces jolis moments comme dirait je ne sais plus qui....
RépondreSupprimerCoucou chère Julie, je te lis et sais que tu n'as pas été épargnée par la vie qui apporte des joies, des peines et aussi de grandes épreuves, nous nous comprenons... tout comme Gwen qui nous livre son témoignage ci-dessous, je me sens très proche de chacune et vous remercie sincèrement toutes les deux, douce soirée, à très bientôt.
SupprimerAh oui, merci aussi à Mr le Goût qui nous permet, avec ses devoirs, de revivre notre jeunesse, notre enfance...
RépondreSupprimerO oui ! Un grand MERCI à Gwen qui m'a fait découvrir votre groupe d'écriture ainsi qu'à à M. le Goût qui nous réunit chaque semaine...
SupprimerMon papa est parti à 82 ans l'année de mes vingt ans (il n'y a pas d'erreur) et ce fut douloureux, mais tellement moins que pour celui de mon fils Hervé dont on devrait fêter aujourd'hui l'anniversaire...
RépondreSupprimerChère Gwen, les mots manquent toujours pour exprimer l'inexprimable mais nous nous comprenons sans les dire, unies les un(e)s aux autres, douce soirée. Merci à toi.
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