16 janv. 2023

149e devoir de « Lakevio du Goût », lundi 16 janvier 2023

Proposition de M. le Goût des Autres : Cette toile de Marc Chalmé me dit quelque chose. Elle me rappelle une histoire, triviale certes mais une histoire. Et à vous ? J’aimerais que cette histoire commençât par « Mais qu'allait-elle faire là-bas ? ». J’aimerais qu’elle se terminât aussi par « J’en retirai le soulagement espéré… » Ne cherchez pas dans votre bibliothèque ou sur Internet, ces deux phrases plates mais courantes sont de votre serviteur. À lundi j’espère.
 
 
Le Trou Noir 

Mais qu’allait-elle faire là-bas ?
 
Adrienne avait rencontré Charles B. en 2011, lors de l’une des expositions du peintre, dans une galerie d’Art contemporain parisienne. Ils avaient sympathisé et s’étaient revus.  Depuis, elle suivait régulièrement ses expositions, aimant ses toiles qui reflétaient des scènes de rues, lieux où elle était née, la plongeant dans la joie de la contemplation, lui rappelant ce temps précieux de l’enfance, de l’adolescence. 
 
Adrienne avait été professeure de Lettres à la Faculté des Lettres de Sorbonne Université, enseignant notre belle langue de France, dans son approche linguistique et stylistique. 

Depuis sa retraite, elle était devenue biographe ; elle privilégiait toute rencontre, traduisant talentueusement la vie et les qualités humaines des personnes rencontrées. Elle tenait un blog et publiait chaque jour un article sous forme d’abécédaire, fort apprécié de ses lecteurs. Après plusieurs fictions littéraires dans lesquelles elle excellait, elle avait publié un premier roman d’aventures avec des héros extraordinaires, toujours tournée vers ses anciens élèves dont certains continuaient de correspondre avec elle... 

Charles lui avait proposé de venir dans sa maison de campagne, située au cœur d’une station balnéaire bretonne, dans ce lieu paradisiaque où elle avait toujours rêvé de vivre. Elle cherchait depuis quelques temps un lieu où se poser, se reposer afin d’écrire un roman policier. Charles étant absent actuellement, elle y serait tranquille. 

— Ici depuis trois semaines, comme chaque matin, levée à l’aube, j’assiste au lever du soleil, en buvant mon café ; je contemple la toile fixée au mur et me fonds dans ce paysage captivant qui m’insuffle un sentiment de liberté. Plongée dans un réel bien-être, je m’identifie à cette jeune femme aux pieds nus vêtue d’une robe verte ; ses cheveux blonds qui retombent sur ses épaules ressemblent étrangement aux miens ; elle a le dos tourné -comme moi- baignant dans cette lumière matinale, face à la forêt d’épicéas. J’ai l’impression d’être épiée.
 
Comme les jours précédents, j’ai ouvert mon ordinateur mais l’écran reste désespérément blanc, vidé de toute substance. Ce n’est pas aujourd’hui que j’entamerai mon premier chapitre. Je retourne me faire un café et, passant devant la porte de la cave, je remarque qu’elle est entrouverte. Je l’avais pourtant fermée à clef hier. Serais-je distraite ? 

La brise délicate effleure mon visage, la rosée irradie la pelouse du jardin, j’ai quitté mes sandales et parcours cet Éden qui me tend ses bras verts. Il fait déjà chaud, un délice humide rafraîchit la plante de mes pieds, j’atteins la forêt lorsque je sens un souffle derrière moi. Je me croyais seule. Je sursaute quand deux bras me saisissent par derrière, une curieuse odeur de chloroforme chatouille mes narines… puis, plus rien, c’est le vide. 

Je me réveille les mains ankylosées, je suis attachée à une chaise dans un sous-sol sombre ; je frissonne en sentant le froid sur mes jambes. L’odeur des sédatifs me brûle le nez. La porte s’ouvre, un homme se tient devant moi, la lumière est si faible que je n’arrive pas à voir son visage. Il s’avance… il porte une cagoule ; déliant mes liens, il me conduit hors de la cave en me menaçant d’une arme ; il me demande où se trouve le coffre-fort de la maison. Vacillante, je réponds que je suis en vacances ici, que la maison ne m’appartient pas. 

Au même moment, mon portable sonne, c’est Charles ! je décroche toute tremblante ; Charles arrive dans quelques minutes pour me saluer. L’individu qui entend la conversation prend la fuite, je l’entends murmurer : « je reviendrais ». 

Encore sous le choc de ce qu’il vient de se passer, je me précipite vers mon ordinateur ouvert, les mots glissent ininterrompus… je soupire après avoir écrit mon premier chapitre. Le dos posé contre le canapé, je laisse tomber ma tête en arrière, Charles se tient derrière moi, avec un sourire aux lèvres..

Tu avais bien besoin de ça, me dit-il ; je souris aussi, il s’assoit à côté de moi en ajoutant : Alors, on les écrit ces chapitres ? 

J’en retire le soulagement espéré.

  [Nouvelle écrite avec ma petite-fille Lou (bientôt 12 ans),
passionnée de bandes dessinées et de romans policiers.]

9 commentaires:

  1. on aimerait savoir ce qu'il lui voulait, ce type qui l'a attachée à une chaise au sous-sol!
    (on sent bien l'apport de la lectrice de romans policiers ;-))

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  2. J'espère pour Adrienne que c'est juste une fiction. C'est étrange un malfrat qui permet à sa victime de se servir de son tel portable, , au fait comment a t elle pu décrocher puisqu'elle avait les mains liées dans le dos ? Bref, il y aura de la matière pour les chapitres à venir ! Belle journée à toi.

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  3. Coucou Adrienne et Délia, je souris car un verbe s'est mal transposé, il s'agissait de "délier" au lieu de "desserrer", défaire... mes liens... qui vient de s'ajouter... il est fort possible que la réponse soit dans la chute ... sans tomber dans le "défaitisme" ... belle journée sœurs d'écriture !

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  4. C'est bien sûr Charles qui a commandité le coup afin de donner à Adrienne matière à broder sur le roman qu'ils vont écrire à quatre mains !

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  5. Chère Gwen, je souris en te lisant ... laissons-lui... le bénéfice du doute à ... Charles ! Douce journée !

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  6. J'aime beaucoup cette nouvelle pleine de suspens et de rebondissements, sans oublier ce clin d'œil à l'abécédaire d'Adrienne. Une nouvelle écrite à quatre main.
    C'est chouette d'avoir une petite-fille passionnée de lecture.

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  7. Coucou cher J.Jacques, merci pour votre message... je me rends d'un pas joyeux sur votre blog !

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  8. Marie, France, Emma... Bôh, ça va... ris ! ;)

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  9. Ah, cher tiniak, toujours ces jus d'émaux, heu, pardon sans pouvoir vous égaler dans les jeux de mots... bonne soirée...

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Gratitude pour vos commentaires auxquels je répondrai avec grand plaisir...

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