Ô fleuve puissant ! me voici éloignée de ton bord, contemplant ton lit en crue. Tressaillant à fleur de vue et de peau, j’imagine ton affluence engloutissant tout sur son passage. Tes mouvements sombres tourbillonnent, voici que ton bras verdâtre dépasse la rive, inonde les quais... Jusqu’où poursuivras-tu ton indomptable course ?
Hier encore, avant la fonte des neiges, les pieds dans ton eau fraîche, je me laissais bercer par ta source étale où s’éparpillaient des algues moussues ; tes parfums montaient au gré des reflux. Je m’insufflais de tes clapotis, contemplant les reflets bleus, verts, mordorés de ton cours paisible. Ta beauté m’enivrait…
Rêveuse, mon esprit dérive jusqu’à l’anneau bleu, vaste plan d’eau du bassin du Grand Large, bénéficiant d’un aménagement hydroélectrique remarquable. Traversant le pont, à l’orée du réservoir d’Herbens, je parcours le sentier forestier jusqu’au milieu humide et protégé de « l’îloz » situé au cœur du parc de Miribel-Jonage.
C’est le printemps. Je me dirige vers la gauche, au jardin d’ailleurs, lieu propice à l’évasion. Je lâche prise, m’assieds délicatement près des mares d’eau douce ; silencieuse, je n’interromps point le concert passionné des batraciens ; grenouilles vertes et crapauds me scrutent de leurs yeux saillants. Nymphe des lieux, j’assiste à la bouleversante saison des amours : "Messieurs les musiciens, gonflez votre cou, attirez les demoiselles puis dansez voluptueusement… "
En face, à droite de l’entrée, je m’arrête dans le jardin des sens où s’épanouissent des plantes aromatiques et cultures ; je m’emplis du parfum d’une multitude de fleurs colorées et parfumées accueillant nombre de papillons...
Au fil de l’onde, des truites frétillent, glissant sous les nénuphars blancs. Des libellules au corset rouge se posent délicatement sur les joncs. Charmée, j’écoute les pleurs énamourés de la nappe ridée, le chant mélodieux des oiseaux, un frou-frou d’ailes… Ici, la vie aquatique et végétale s’offre, telle ode à la nature, préservant la biodiversité. Le promeneur se réjouit de la douceur et de la beauté de cet espace fragile, précieux, inspirant.
Rhône ! "La vie est-elle un long fleuve tranquille à
tes côtés ?" Je reviens vers toi, prolongeant cette promenade bucolique,
goûtant au paysage reposant, ne gardant de toi que ton infinitude lorsque ton débit
s’apaise, que les reflets des lever et couchant sont pures merveilles, sur ton
miroir étincelant.
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