28 févr. 2023

155e devoir de Lakevio du Goût, lundi 27 février 2023

Écrivons, partageons, lisons avec joie ici ou là … ce 155e « Devoir de Lakevio du Goût » ou pas… après l’octroi d’une semaine qui pourrait se résumer au non-devoir, gardant l’espérance que le 156e  « Devoir promis par Lakevio » ne soit pas le dernier. Difficile de ne plus s’inspirer du « goût adoré » pour l’exercice de style… au-delà de quelques « tartines » insufflées par ses soins, nous savons qu’il prendra le temps de lire nos textes avec plaisir -comme nous lirons les siens- avec indulgence et patience, écrit-il…
Cela dit, si le passage de « La Faucheuse » nous inspire, il nous en prie, écrivons... ainsi sera donc composé ce devoir pour lui et… nous les autres !
 
         Sans point faucher le repos de Monsieur le Goût des autres
ni l’inspiration de ses aminautes écrivants…
 

Je contemple cette toile de « La Faucheuse » représentant une jolie demoiselle, pieds nus sur un pré d’herbes fleuries ; sa robe pourpre lui sied à merveille ainsi que son jupon vert prairie ; son corsage blanc -dont les manches sont retroussées- attire mon regard -mettant en évidence ses avant-bras musclés-, ce qui donne une impression de force au tableau.

La mignonne personne affute fermement la lame de sa faux avec une pierre. Elle porte un châle à deux tons orange-rose, retombant délicatement sur ses épaules. De son visage sérieux aux traits fins et décidés, transparaît un regard sombre, absorbé semble-t-il, par la tâche à accomplir…

Elle devra être prudente pour ne pas blesser ses pieds menus encore mouillés de la rosée du matin. Au fond de la toile, à droite, s’agenouille un arbre majestueux ; serait-ce un cèdre éclairant ma rencontre avec l’instant présent ? me voici transportée au cœur de l’Ancien Testament…

 

J’imagine la demoiselle en « Ruth la Moabite » disant à Noémi sa belle-mère :

 

— Si tu me l'ordonnes, j'irai aux champs glaner les épis qui auront échappé aux mains des moissonneurs. [...] 

 

Je pense au poème de Victor Hugo : « Booz endormi » ; il me semble apercevoir « des collines » mais ont-elles « des lys sur leur sommet » sans pouvoir entendre le « bruit sourd des ruisseaux sur la mousse » ou « les grelots des troupeaux… »

 

Une image heureuse met l’accent sur la dernière strophe :

 

« Immobile, ouvrant l’œil à moitié sous ses voiles,

Quel dieu, quel moissonneur de l’éternel été,

Avait, en s’en allant, négligemment jeté

Cette faucille d’or dans le champ des étoiles.  [Victor Hugo, 1876.] »

 

J’entends la voix profonde de Nichole Nordeman dans : I'm with you (Ruth and Naomi) – lien : https://youtu.be/AdS8UYBDHsk

 

I'm With You

 

Love is a hurricane in a blue sky

I didn’t see it coming, never knew why

All the laughter and the dreams

All the memories in between

Washed away in a steady stream

Love is a hunger, a famine in your soul

I thought I planted beauty but it would never grow

 

Je suis avec vous

 

L’amour est un ouragan dans un ciel bleu

Je ne l’ai pas vu venir, je n’ai jamais su pourquoi

Tous les rires et les rêves

Tous les souvenirs entre les deux

Emporté dans un ruisseau

L’amour est une faim, une famine dans votre âme

Je pensais avoir planté la beauté mais elle ne grandirait jamais…

 

N’oublions pas que la faucheuse est bien seule en ce jour de labeur. Si elle se coupait un pied, ainsi esseulée au milieu des champs, sans obtenir de secours immédiat… verrait-on perler son sang sur les marguerites blanches ?

 Ne songeons point à « une scène sur La grande Faux personnifiant la Mort ». Tenons-nous éloignés d’une quelconque pensée sur « Thanatos le beau jeune homme au cœur noble », il est absent du tableau… de même d’une « Valkyrie tirée de la mythologie nordique », préférons contempler cette jeune paysanne en « divinité champêtre » plutôt que sur un champ de bataille.

 Néanmoins, après un clin d’œil obligé à la « Valkyrie Brynhild (Brunehilde) », concluons (sur)naturellement par « le mythe des valkyries dans la mythologie Nordique », au service d’Odin : https://youtu.be/n1Yhc36GOdY

 

N.B. : si vous possédiez quelques vers du poème épique de « l’Edda poétique », je serais ravie de les lire en retour !

27 févr. 2023

Dimanche silencieux - Silent Sunday 295

 Pas un mot, juste une photo pour ce : Silent Sunday #295 chaque dimanche !

  


 

 

 

20 févr. 2023

154e devoir de Lakevio du Goût, lundi 20 février 2023

Proposition de monsieur le goût des autres : La lumière de mes jours est une experte de la phrase ambiguë, comme « Minou ! Montre-moi ton machin ! » lancé en pleine rue à propos d’une chose que je viens d’acheter. Chaque fois elle est indignée et me jette à la face « Mais tu es relou !!! Ne crois pas je ne sais pas à quoi tu as pensé ! » « Miss Tic », notre feue poétesse des rues de Paris et peut-être d’ailleurs aurait-elle eu de plus un talent de prescience ? À moins que ce ne soit dû à un long entraînement à la fréquentation du mâle de l’espèce. Bien qu’amateur de kakemphaton, je ne vous infligerai pas le « Il voulut être César et ne fut que Pompée » de Clemenceau à la mort de Félix Faure. J’aimerais néanmoins que, comme le disait Polyeucte au début de l’acte I, vous commençassiez ce devoir par : « Vous me connaissez mal : la même ardeur me brûle / Et le désir s’accroît quand l’effet se recule ». Ce qui serait bien aussi serait que vous terminassiez par ce que dit Phottin dans « La mort de Pompée » « Car c’est ne pas régner qu’être deux à régner ». À vous de le dire lundi…

La créatrice-poétesse de l’art urbain, pochoiriste-plasticienne Miss.Tic

« Vous me connaissez mal : la même ardeur me brûle
Et le désir s’accroît quand l’effet se recule »


    … Cette citation tirée de Polyeucte, acte I, aurait pu être écrite par l’artiste Miss.Tic.
Quel beau calembour que le second vers où l’on entend : « Et le désir s'accroît quand les fesses reculent » mais n’étant pas « Sévère », nous esquiverons ce jeu de mots, mettant l’accent sur « l’Art urbain » invoquant ce message fort de Miss.Tic :

« L’homme est un loup pour l’homme
Et un relou pour la femme
»


    Apprécions sans épiloguer sur le loup, le loup-garou ni le relou… chelou, revenons à l’essentiel de ce qui la définissait :

    Je me retrouve rue du Temple dans ce musée parisien où furent exposées ses œuvres, précisant que Miss.Tic [pseudo de Radhia Novat] fut mythiquement la « radieuse novatrice au pochoir urbain ».

    Après le design, la photogravure et le théâtre de rue, elle se rend aux U.S.A. début 1980, découvrant un mouvement culturel différent à Los Angeles et San Francisco avec le graffiti puis elle revient poser ses pas sur l’asphalte parisien au cœur du Marais, de la Butte, Montmartre… gravant fougueusement sa fièvre artistique sur les murs telles des scènes de rue vécues au fil des rencontres. Ses peintures révèlent ses "Mots Cœurs" [lire : moqueurs] métamorphosés en « coups de cœur » tant elle résume par des aphorismes sa pensée, comblant de poésie ses admiratrices(teurs).

    En ce 20 février [eu égard à sa date de naissance], surgissent ces vers de Polyeucte de Mélitène [une tragédie de Corneille jouée au XVIIe siècle au Théâtre du Marais], acte I, scène première :

POLYEUCTE.
Je sais ce qu'est un songe, et le peu de croyance
Qu'un homme doit donner à son extravagance,
Qui d'un amas confus des vapeurs de la nuit
Forme de vains objets que le réveil détruit ;
Mais vous ne savez pas ce que c'est qu'une femme :
Vous ignorez quels droits elle a sur toute l'âme,
Quand après un long temps qu'elle a su nous charmer,
Les flambeaux de l'hymen viennent de s'allumer.


    Passons sur la provenance grecque de : « humen », signifiant « membrane ». Ignorant tout propos, contemplons la femme aux longs cheveux noirs, libre, sensuelle, désirée, séductrice, insoumise, dérangeante… La plasticienne transmet un message par le biais de fresques bombées, caricaturant avec habileté l’image de "la femme-objet", cette femme admirable éloignée des clichés et parlers machistes. Miss.Tic incitait à la réflexion… avec ses tripes et ça nous prenait aux tripes.

    L’artiste discerne, dévoile ses émotions avec authenticité. Chaque œuvre instruit l’intention, dont aperçu : « Je ferai les trottoirs de l'histoire ; Dans nos jardins secrets, le désir se crée ; Tout achever sauf le désir ; Tel est pris qui croyait me prendre ; Mâles fêteurs, quand il faut payer l’addiction ; Fais de moi ce que je veux ; L’art me ment ; Je ne croyais à rien mais je n’y crois plus ; Les actes gratuits ont-ils un prix ? Plus fort que la passion l’illusion ; Trouver du rose dans le morose ; Se croire honnête quand on est esclave ; Le pouvoir ne protège pas, il se protège ; La nuit tous les chats sont gris ; Je t’aime temps ; Vain cœur vain cul ; Femme mur ; Je crois en l'éternel féminin ; Je prête à rire ; Folle à délier ; Bomb it ; En cartoon, elles cartonnent ; Muses et Hommes ; Bombe Textuelle ; Pas d’idéaux, juste des idées hautes ; Soyons heureuses en attendant le bonheur ; Cœurdialement… ».

    Ne nous coupons pas les cheveux en quatre en revoyant le film de « la femme coupée en deux » dont tu réalisas l’affiche, chère Miss.Tic. Contemplons tes subtiles créations, citant quelques vers du poète Jacques Prévert, que tu aimais lire : « Paroles » célébrant anaphoriquement « Barbara » :

… … … …
Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle-toi quand même ce jour-là
N’oublie pas
Un homme sous un porche s’abritait
Et il a crié ton nom
Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante ravie épanouie
Et tu t’es jetée dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m’en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j’aime
Même si je ne les ai vus qu’une seule fois
Je dis tu à tous ceux qui s’aiment
Même si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara

… … … … … … …

    Continuons de créer la poésie de l’âme comme elle l’insuffla : « La poésie est un luxe de première nécessité ; La poésie prend la prose ; Vous reprendrez bien une ligne de poésie… »

    Terminant par ces vers du poète Olivier Larronde qu’elle appréciait : « Les Distances »

Un peu là et beaucoup ailleurs
Toi ou, qui sait, moi si te pare
Du doigt d'horizon qui sépare
En musique de nos grandeurs.

La vague où pencha ton sourire
C'était moi ta belle avenue...
Ou ne fus-je que les pieds nus
Sur sa pente à n'en plus finir ?

Divisons-nous — on le saura !
Change la pierre en son tailleur :
L'un-ni-l'autre se posera
Sur un entrelacs de sourires
Un peu là

et beaucoup ailleurs.

… … … …

    Miss.Tic a serti son chemin en traçant : « Du vague à l’homme ? À la vie à l’amor ; Egérie et j’ai pleuré ; Je ne fais que passer ; L’avenir a une excellente mémoire »… elle a rejoint le Royaume des artistes-poètes le 22 mai 2022. Couronnons-là de ce dernier vers :
 
« Car c’est ne pas régner qu’être deux à régner »
 
[PS : éluder ce : « qu’être deux araignées » … bien que ce trait d'esprit lui aurait sûrement plu].

 
 

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