Proposition de monsieur le goût des autres : La multiplicité des interprétations possible de cette toile de Léon Augustin Lhermitte m’a amusé. Elle devrait vous inspirer autant qu’elle m’a inspiré en la voyant. Même mieux encore j’espère.
Pour visualiser la photo, lien Internet : https://www.peintures-tableaux.com/Moissonneurs-%C3%A0-Mont-Saint-Pere-sc%C3%A8nes-rurales-paysan-L%C3%A9on-Augustin-Lhermitte.html
Dans
la vallée des blés, que percevons-nous en visualisant cette toile des « Moissonneurs
de monsieur Léon Augustin Lhermitte » ? Cela pourrait évoquer des
versets de Luc ou Matthieu : « La moisson est grande, mais il y a peu
d'ouvriers. » On pourrait sinon y voir en miroir cet autre verset : « Ceux
qui sèment avec larmes moissonneront avec chants d'allégresse ». Mais
là, rien de tout cela, pas de larmes ni de chants d’allégresse…
Ici
pas de moissonneuse-batteuse, juste une faux que tient vigoureusement un homme
dans le champ, s’agit-il du père de famille œuvrant courageusement en ce
dur labeur entamé aux aurores, avec sa famille ?
Une jeune
femme brune s’avance, sa jupe noire froissée retombe sur de lourds sabots, son
bras droit pend de fatigue, son bras gauche tient une gerbe d’épis de blé… Son regard
las s’apitoie sur son cadet qui « dort du sommeil du juste ».
— Jacques
s’est de nouveau endormi, dit-elle à leur mère, assise sur le sol à côté de lui ;
je retourne égrener, je suis moulue mère, comme les grains… mais laissons-le
s’égrener dans ses rêves…
—
Oui, Sama, chaque jour il s’endort aussitôt le déjeuner terminé ; je n’ose
le réveiller. Aujourd’hui, il n’avait pas faim ni soif, pourtant la chaleur
était accablante ; pourrais-tu aller lui chercher un cruchon d’eau à la
fontaine pour qu’il boive quand il se réveillera ?
— Maman,
tu lui trouves toujours des excuses ; regarde, il a avalé les trois quarts
du jambon à l’os et sifflé la moitié de la bouteille de rouge à lui tout seul ;
il ne reste plus que le gros pain, la bouteille d’eau fraîche a été renversée...
— Sama,
Sama, pourquoi t’inquiètes-tu ? Le père te relaye, alors va chercher un
cruchon d’eau pour lorsque ton frère se réveillera. Et puis, cache les
serpettes, il pourrait se faire mal !
—
D’accord, mam’ mais Jean vit dans la soie depuis sa naissance et…
—
C’est vrai ma fille, ton frère préfère piquer, s’amuser… mais l’ait simple
l’ait fragile, quoi ! Quant à toi, tu es
une vraie « soyeuse » comme ton père !
Jacques
s’éveille, voit sa sœur et lui dit en riant : O ma Sama rit… teigne…
donne-moi un peu d’eau et chante-moi mon air préféré !
Le cœur de la grande sœur s’émeut ; elle lui tend le cruchon en chantonnant : « Frère Jacques, Frère Jacques, Dormez-vous ? Dormez-vous ? Sonnez les matines, Sonnez les matines, Ding, ding, dong, ding, ding, dong... ».