16 déc. 2022

146e devoir de Lakevio du Goût - Infiniment soyeux

146e devoir de Lakevio du Goût lundi 12 décembre 2022 :

Proposition de monsieur le goût des autres : La multiplicité des interprétations possible de cette toile de Léon Augustin Lhermitte m’a amusé. Elle devrait vous inspirer autant qu’elle m’a inspiré en la voyant. Même mieux encore j’espère.

Pour visualiser la photo, lien Internet : https://www.peintures-tableaux.com/Moissonneurs-%C3%A0-Mont-Saint-Pere-sc%C3%A8nes-rurales-paysan-L%C3%A9on-Augustin-Lhermitte.html

Infiniment soyeux

Dans la vallée des blés, que percevons-nous en visualisant cette toile des « Moissonneurs de monsieur Léon Augustin Lhermitte » ? Cela pourrait évoquer des versets de Luc ou Matthieu : « La moisson est grande, mais il y a peu d'ouvriers. » On pourrait sinon y voir en miroir cet autre verset : « Ceux qui sèment avec larmes moissonneront avec chants d'allégresse ». Mais là, rien de tout cela, pas de larmes ni de chants d’allégresse…

Ici pas de moissonneuse-batteuse, juste une faux que tient vigoureusement un homme dans le champ, s’agit-il du père de famille œuvrant courageusement en ce dur labeur entamé aux aurores, avec sa famille ?

Une jeune femme brune s’avance, sa jupe noire froissée retombe sur de lourds sabots, son bras droit pend de fatigue, son bras gauche tient une gerbe d’épis de blé… Son regard las s’apitoie sur son cadet qui « dort du sommeil du juste ».

— Jacques s’est de nouveau endormi, dit-elle à leur mère, assise sur le sol à côté de lui ; je retourne égrener, je suis moulue mère, comme les grains… mais laissons-le s’égrener dans ses rêves…

— Oui, Sama, chaque jour il s’endort aussitôt le déjeuner terminé ; je n’ose le réveiller. Aujourd’hui, il n’avait pas faim ni soif, pourtant la chaleur était accablante ; pourrais-tu aller lui chercher un cruchon d’eau à la fontaine pour qu’il boive quand il se réveillera ?

— Maman, tu lui trouves toujours des excuses ; regarde, il a avalé les trois quarts du jambon à l’os et sifflé la moitié de la bouteille de rouge à lui tout seul ; il ne reste plus que le gros pain, la bouteille d’eau fraîche a été renversée...

— Sama, Sama, pourquoi t’inquiètes-tu ? Le père te relaye, alors va chercher un cruchon d’eau pour lorsque ton frère se réveillera. Et puis, cache les serpettes, il pourrait se faire mal !

— D’accord, mam’ mais Jean vit dans la soie depuis sa naissance et…

— C’est vrai ma fille, ton frère préfère piquer, s’amuser… mais l’ait simple l’ait fragile, quoi !  Quant à toi, tu es une vraie « soyeuse » comme ton père !

Jacques s’éveille, voit sa sœur et lui dit en riant : O ma Sama rit… teigne… donne-moi un peu d’eau et chante-moi mon air préféré !

Le cœur de la grande sœur s’émeut ; elle lui tend le cruchon en chantonnant : « Frère Jacques, Frère Jacques, Dormez-vous ? Dormez-vous ? Sonnez les matines, Sonnez les matines, Ding, ding, dong, ding, ding, dong... ».

14 déc. 2022

145e devoir de « Lakevio du Goût » - Les métamorphoses de l’absence

145e devoir de « Lakevio du Goût », lundi 5 décembre 2022 - Proposition : J’aime la façon dont Mark Keller use pour nous faire comprendre que les choses ne se passent pas toujours comme prévu… Mais vous ? Que pensez-vous qu’il nous dise là ? On en saura peut-être plus lundi. Du moins je l’espère…

Lien vers le tableau de monsieur Mark Keller, proposé par Monsieur le goût des autres :

Les métamorphoses de l’absence

Je relis ta dernière lettre que je conserve dans l’étui de ma guitare, depuis ton départ. Yeux clos, tête baissée, je me répète chaque couplet de cette chanson que tu avais créée pour moi, tels des vers sublimes de poésie que tu composais régulièrement pour moi…

Dans cette salle d’hôtel-restaurant où nous nous rejoignions chaque week-end, je lève les yeux, ébloui par une lueur illuminant la table ; je sens les effluves délicats de ton parfum et miracle « tu es là » face à moi, buvant ton café crème… je te parle mais tu ne réponds pas [ta place habituelle reste désespérément vide].

Dehors, des mouettes pleurent sur l’onde azurée de l’océan, je pleure avec elles…

Derrière la vitre embuée de ma nostalgie, se dessine la silhouette aimée … naguère, tu aimais sortir avant moi, me laissant le temps de composer l’air d’une nouvelle ritournelle qui bercerait notre amour.

J'ai reposé ma guitare, les notes de musique restent suspendues dans l’éther de ce jour bleu, notre mélodie souffre d’être plongée dans le gouffre de l’absence, le manque de toi rejaillit, brisant mon cœur.

Je me souviens de notre dernier samedi passé ici ; « tu buvais ton café, perdue dans tes pensées », une larme coulait sur ta joue, instillant une perle au centre de la tasse que tu tenais gracieusement ; je te parlais du prochain week-end, de cette fête avec les copains… et tu m’annonçais d’une voix grave, enrouée :

—  Jake, je pars demain et ne serai pas là samedi prochain ; tu te souviens du rendez-vous dont je t’avais parlé… c’est important pour moi ; je dois m’y rendre seule !

Les mois ont passé, mes larmes ont fondu sur la moindre flaque alentour…
Je gratte toujours le même air sur les cordes de ma guitare…
Sans ta présence je suis foutu Christina, tout va de travers !

Les copains m’attendent dehors, mais je ne suis pas pressé, la solitude est devenue ma compagne…

La porte du restaurant s’ouvre, un homme entre ; je contemple ses cheveux châtain-roux coupés en brosse et remarque sa barbe naissante ; il porte un jeans et des santiags noirs ; son regard lumineux me fixe, Ô j’ai le cœur qui bat ! Il s’avance et me salue :

—    Salut Jake, les potes n’en finissaient pas de parloter, je crois bien qu’ils m’ont reconnue !

—    Ô c’est toi ? C’est bien toi Christi mon amour ?

—    Oui Jake, c’est bien moi ! je n’en pouvais plus de cette éternité m’arrachant à toi ! j’ai cru devenir fou ! l’intervention est un succès !

—    Christian chéri, montons vite ! Notre chambre nous attend !

Une main sur ton épaule, l’autre tenant ma guitare, nous entonnons joyeusement notre chanson, à fleur de joie, à fleur d’accords, à fleur d'amour, et l’on rit, et l’on chante et l’on s’aime !


8 déc. 2022

Hommage au Grand Poète, monsieur Christian Bobin

Le poète-écrivain que nous aimions [que j’aimais] lire est parti, il nous a quittés le 23 novembre 2022.

M. Christian Bobin, ce Grand Monsieur était un « enchanteur » fort talentueux … il enchantait ses lectrices, ses lecteurs ; on ouvrait l’un de ses livres et nos yeux se plongeaient dans l’écrin de chaque mot, représentation du moindre instant, de la moindre brindille, du moindre chant de l’univers, dans l’écoute permanente à tout être, l’auteur s’offrant au miracle permanent du présent.

Dans son écriture, tout était beauté, grâce, don, grandeur… tant l’élégance de « ses écrits » éblouissait, captivait les yeux, le cœur, l’âme… il composait cette toile émouvante de la vie accordée ou reprise. Le poète fusionnait au cœur de la Création, nous associant à la plénitude de ses mots, à la profondeur de sa pensée, puisant humblement l’infinitésimal dans l’humanité de toute chose.

Il nous transportait au cœur de la terre et du Ciel, là, dans les jaillissements de ce Paradis entrevu que Christian Bobin a rejoint ; là, où Sa Belle Étoile brille immuablement au milieu des anges et d’astres sublimés par les fragments poétiques qu’il écrit sûrement encor dans l’Éden des Poètes ; sa prose ciselée continuera longtemps de couler en moi…

J’ouvre -l’un après l'autre- ses livres, redécouvrant l’importance de son œuvre… au risque de redondance, je me relie à "la splendeur du langage", à l'écriture profonde, sublime, solaire, immense, concluant par un seul mot : « GRATITUDE » pour chaque mot, poème, citation, phrase... « à portée de cœur, d’amour, de joie, de lumière, de chagrin, d’espérance » et plus, plus encore…

"En union de pensées avec sa famille".

 Écoutons ce bel « Hommage à Christian Bobin - La plus que vive (extraits) » publié par madame Julie Dratwiak [Le Jardin des Oeuvriers] Lien : 

https://youtu.be/JD6U1sgEvro

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