19 déc. 2022

147e devoir de « Lakevio du Goût », lundi 19 décembre 2022

Proposition de M. le Goût des Autres :

Mais non ! Je ne vous demande pas un devoir sur « Vacances romaines » ! Surtout au moment des vacances de Noël. Néanmoins, si vous aviez quelque chose à dire sur cette toile de Joseph Lorusso, ça me plairait de le savoir lundi. Le mieux de votre récit serait évidemment qu’il finît par « Couple, adieu, je vais voir l’ombre que tu devins. »

 
L’Éden des souvenirs

Tu m’avais invitée pour une balade motorisée, tu m’avais dit que ce serait une surprise et que cela me plairait. Lorsque j’arrivais, je remarquais tout de suite la couleur de ton scooter assortie à ma chevelure rousse… j’étais infiniment troublée par cette belle après-midi que je célébrerais à tes côtés.

Le cœur en fête, mes bras entourant ton corps svelte, je pose ma tête contre ton dos… yeux clos, bercée par la joie inexprimable de l’évasion…

…Nous voici au Muséum national d’Histoire naturelle, tu me guides au gré d’un parcours captivant, me faisant découvrir les trésors du jardin des plantes !

C’est ainsi que j’entreverrai « l’effloraison de l’amour » dans celle de l’écrin verdoyant de ce lieu remarquable.
Cette promenade romantique nous transporte dans le moindre recoin, bosquet d’ombre, éclat de lumière, le bonheur illumine nos visages et nos regards rêveurs… ta main entrelace la mienne et nous sentons la détente nous envelopper de sa douceur… Perçois les roses odorantes, vois le buste du conteur, le petit bassin, la statue de Vetturie...

— Ô regarde la nymphe, chérie ! Mais toi, tu es ma nymphe enchanteresse, chuchotes-tu à mon oreille…

Au même moment, nous entendons s’élever les accords agréables d’un concert joué au kiosque :
« Prélude à l’après-midi d’un faune » … nous nous emplissons des effluves délicieux de la flûte, de la harpe, du violon… chaque sonorité caresse voluptueusement nos oreilles, nos sens… nos corps s’éperdent tout entiers dans la grâce du temps présent, unique, mélodieux ; nos lèvres s’entrouvrent, attirées par un fluide magnétique.

Le premier mouvement apportera l’élan du désir, le second la suavité du fol baiser quand tout à coup, quelqu’un crie dans notre dos :

— T’as vu papa, le monsieur il tient fort la dame, tu crois qu’elle va tomber ? Regarde, il lui fait un bisou !

La petite-fille aux cheveux blonds bouclés me contemple de son regard d’azur, elle me questionne, étonnée :

—    T’as peint tes cheveux en rouge ? 

Je souris et vais lui répondre mais le père gêné, après un mot d’excuse, disparaît rapidement entraînant l’enfant. Le charme peut-il s’effacer, mettant un terme au songe enivrant de l’instant brûlant ? Nous nous esclaffons !

— Ô ma rousse aux cheveux rouges, ne tombe pas surtout, reviens vite dans mes bras, glousses-tu !

Ma larme étreint ta joue rieuse, tu m’embrasses fougueusement, récitant d’un ton langoureux ces vers célèbres :

« La petite, naïve et ne rougissant pas :
Que de mes bras, défaits par de vagues trépas,
Cette proie, à jamais ingrate, se délivre
Sans pitié du sanglot dont j’étais encore ivre.
»

… auxquels je réponds :
 
"Couple adieu, je vais voir l’ombre que tu devins."
[Poème : Le Faune de Stéphane Mallarmé].

« Imaginons, imaginez en pleine conscience cette félicité que toutes, tous, avons connu et vivons encore… »

Pour entendre le « Prélude à l’après-midi d’un faune » de Debussy, lien :

16 déc. 2022

146e devoir de Lakevio du Goût - Infiniment soyeux

146e devoir de Lakevio du Goût lundi 12 décembre 2022 :

Proposition de monsieur le goût des autres : La multiplicité des interprétations possible de cette toile de Léon Augustin Lhermitte m’a amusé. Elle devrait vous inspirer autant qu’elle m’a inspiré en la voyant. Même mieux encore j’espère.

Pour visualiser la photo, lien Internet : https://www.peintures-tableaux.com/Moissonneurs-%C3%A0-Mont-Saint-Pere-sc%C3%A8nes-rurales-paysan-L%C3%A9on-Augustin-Lhermitte.html

Infiniment soyeux

Dans la vallée des blés, que percevons-nous en visualisant cette toile des « Moissonneurs de monsieur Léon Augustin Lhermitte » ? Cela pourrait évoquer des versets de Luc ou Matthieu : « La moisson est grande, mais il y a peu d'ouvriers. » On pourrait sinon y voir en miroir cet autre verset : « Ceux qui sèment avec larmes moissonneront avec chants d'allégresse ». Mais là, rien de tout cela, pas de larmes ni de chants d’allégresse…

Ici pas de moissonneuse-batteuse, juste une faux que tient vigoureusement un homme dans le champ, s’agit-il du père de famille œuvrant courageusement en ce dur labeur entamé aux aurores, avec sa famille ?

Une jeune femme brune s’avance, sa jupe noire froissée retombe sur de lourds sabots, son bras droit pend de fatigue, son bras gauche tient une gerbe d’épis de blé… Son regard las s’apitoie sur son cadet qui « dort du sommeil du juste ».

— Jacques s’est de nouveau endormi, dit-elle à leur mère, assise sur le sol à côté de lui ; je retourne égrener, je suis moulue mère, comme les grains… mais laissons-le s’égrener dans ses rêves…

— Oui, Sama, chaque jour il s’endort aussitôt le déjeuner terminé ; je n’ose le réveiller. Aujourd’hui, il n’avait pas faim ni soif, pourtant la chaleur était accablante ; pourrais-tu aller lui chercher un cruchon d’eau à la fontaine pour qu’il boive quand il se réveillera ?

— Maman, tu lui trouves toujours des excuses ; regarde, il a avalé les trois quarts du jambon à l’os et sifflé la moitié de la bouteille de rouge à lui tout seul ; il ne reste plus que le gros pain, la bouteille d’eau fraîche a été renversée...

— Sama, Sama, pourquoi t’inquiètes-tu ? Le père te relaye, alors va chercher un cruchon d’eau pour lorsque ton frère se réveillera. Et puis, cache les serpettes, il pourrait se faire mal !

— D’accord, mam’ mais Jean vit dans la soie depuis sa naissance et…

— C’est vrai ma fille, ton frère préfère piquer, s’amuser… mais l’ait simple l’ait fragile, quoi !  Quant à toi, tu es une vraie « soyeuse » comme ton père !

Jacques s’éveille, voit sa sœur et lui dit en riant : O ma Sama rit… teigne… donne-moi un peu d’eau et chante-moi mon air préféré !

Le cœur de la grande sœur s’émeut ; elle lui tend le cruchon en chantonnant : « Frère Jacques, Frère Jacques, Dormez-vous ? Dormez-vous ? Sonnez les matines, Sonnez les matines, Ding, ding, dong, ding, ding, dong... ».

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