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23.9.11

LE BRÉDA

L’aurore. La rosée évanescente du matin. Des lueurs sur le sentier. Les cailloux de l’instant se perpétuent dans le regard. Des odeurs d’enfance remontent de la terre ; un berger auprès du troupeau. Le silence dans la forêt aux senteurs d’humus. La plénitude, intacte. Des éclats de bonheur où poigne un chant d’oiseaux. La lumière du soleil lustre les arbres. Une promenade au seuil d’un nouveau monde…

LE BRÉDA

Les roulis du torrent à l’approche des rochers. La température qui fraîchit. L’ampleur de l’eau dévalant l’amplitude des cascades... Mes pas crissant sur le chemin. Le Bout du Monde au bord de mon cristallin…

L’arrivée au pont et le passage sur le vide. L’impétuosité des flots. Un amoncellement de gravats gravés au cœur de la montagne ; le sentier parsemé de pierres de lauze…

La grotte ; le trou noir. Des arbres déracinés. L’altération des marches d’escalier. Le lit mielleux et froid du Bréda. L’exacerbante solitude qui creuse un creux et vous attire vers l’inaccessible volupté.

Un escarpement et c’est l’abandon du lieu qui vous étreint. Un frôlement, vous tressaillez. Votre cœur bat plus vite. Vous êtes au Bout du Monde.

Vous ne pourrez aller plus loin. L’enceinte vous l’interdit ; elle vous sépare d’un effondrement rocheux. Là-dessous, dort l’ancienne mine désaffectée. Irrémédiablement murée.

L’onde encercle le garde-corps d’une barrière qui pend ; désarticulée. Union entre l’eau et le métal. La mort ; définitive.

Lointain hululement. L’homme a glissé dans sa rêverie. Avant, il venait souvent ici, pour pêcher. Aucune clôture n’existait alors. Il escaladait la roche ; le pur délice. Rien n’aurait pu l’arrêter de sa quête vers l'insaisissable muraille. Il aimait à se ressourcer ; en solitaire.

Coule, coule, torrent… l’homme a fermé les yeux. Des larmes coulent sur sa joue. Il se revoit traverser les sentiers, les ponts, les dévers pierreux. Sous ses pieds, les plaques du pont ont bougé. Il change de côté. La rambarde est instable. Il trébuche…

Pleure, pleure, torrent… le bonheur s’est enfui. L’homme fixe intensément les ultimes lueurs du soir tombant.

Les grillons se sont tus. Nuit. L’éternité. Un jour, l’on ne sait pourquoi, l’âme endigue la mémoire, en l’intime de soi. Trésor du dernier envol ? Le grand départ ? Qui sait ?

Sanglote, sanglote, torrent… où serai-je ? où seras-tu ? où serons-nous ... demain ?

Pour Jean-Jacques Bloch,

(Extrait du recueil « Regards de Vie » - 2006). 

En hommage à feu notre ami le Grand Poète,
Jean-Jacques BLOCH, créateur entre autres,
De la forme de poésie classique "Le Nombre d'Or"
Ainsi que de la prestigieuse revue
"Mélusine" à la portée de tous.

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