Je contemple cette toile de « La Faucheuse » représentant une jolie demoiselle, pieds nus sur un pré d’herbes fleuries ; sa robe pourpre lui sied à merveille ainsi que son jupon vert prairie ; son corsage blanc -dont les manches sont retroussées- attire mon regard -mettant en évidence ses avant-bras musclés-, ce qui donne une impression de force au tableau.
La mignonne personne affute fermement la lame de sa faux avec une pierre. Elle porte un châle à deux tons orange-rose, retombant délicatement sur ses épaules. De son visage sérieux aux traits fins et décidés, transparaît un regard sombre, absorbé semble-t-il, par la tâche à accomplir…
Elle devra être prudente pour ne pas blesser ses pieds menus encore mouillés de la rosée du matin. Au fond de la toile, à droite, s’agenouille un arbre majestueux ; serait-ce un cèdre éclairant ma rencontre avec l’instant présent ? me voici transportée au cœur de l’Ancien Testament…
J’imagine la demoiselle en « Ruth la Moabite » disant à Noémi sa belle-mère :
— Si tu me l'ordonnes, j'irai aux champs glaner les épis qui auront échappé aux mains des moissonneurs. [...]
Je pense au poème de Victor Hugo : « Booz endormi » ; il me semble apercevoir « des collines » mais ont-elles « des lys sur leur sommet » sans pouvoir entendre le « bruit sourd des ruisseaux sur la mousse » ou « les grelots des troupeaux… »
Une image heureuse met l’accent sur la dernière strophe :
« Immobile, ouvrant l’œil à moitié sous ses voiles,
Quel dieu, quel moissonneur de l’éternel été,
Avait, en s’en allant, négligemment jeté
Cette faucille d’or dans le champ des étoiles. [Victor Hugo, 1876.] »
J’entends la voix profonde de Nichole Nordeman dans : I'm with you (Ruth and Naomi) – lien : https://youtu.be/AdS8UYBDHsk
I'm With You
Love is a hurricane in a blue sky
I didn’t see it coming, never knew why
All the laughter and the dreams
All the memories in between
Washed away in a steady stream
Love is a hunger, a famine in your soul
I thought I planted beauty but it would never grow
Je suis avec vous
L’amour est un ouragan dans un ciel bleu
Je ne l’ai pas vu venir, je n’ai jamais su pourquoi
Tous les rires et les rêves
Tous les souvenirs entre les deux
Emporté dans un ruisseau
L’amour est une faim, une famine dans votre âme
Je pensais avoir planté la beauté mais elle ne grandirait jamais…
… N’oublions pas que la faucheuse est bien seule en ce jour de labeur. Si elle se coupait un pied, ainsi esseulée au milieu des champs, sans obtenir de secours immédiat… verrait-on perler son sang sur les marguerites blanches ?
Ne songeons point à « une scène sur La grande Faux personnifiant la Mort ». Tenons-nous éloignés d’une quelconque pensée sur « Thanatos le beau jeune homme au cœur noble », il est absent du tableau… de même d’une « Valkyrie tirée de la mythologie nordique », préférons contempler cette jeune paysanne en « divinité champêtre » plutôt que sur un champ de bataille.
Néanmoins, après un clin d’œil obligé à la « Valkyrie Brynhild (Brunehilde) », concluons (sur)naturellement par « le mythe des valkyries dans la mythologie Nordique », au service d’Odin : https://youtu.be/n1Yhc36GOdY
N.B. : si vous possédiez quelques vers du poème épique de « l’Edda poétique », je serais ravie de les lire en retour !